Google va acheter à Engie quinze ans d'électricité issue d'éoliennes offshore au large de l'Ecosse – La Tribune.fr

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Et de trois. Après la Belgique et l’Allemagne, le groupe français Engie vient de signer un nouveau partenariat d’achat d’énergie renouvelable avec le géant Google, cette fois-ci au Royaume-Uni. De quoi confirmer l’intérêt de l’entreprise pour les Power Purchase Agreement (PPA), ces contrats de fourniture d’électricité à moyen ou long terme conclus directement entre des énergéticiens et des sociétés privées, afin que ces dernières sécurisent à l’avance leur prix d’achat et « verdissent » leur consommation quelle que soit la volatilité des cours sur les marchés.
En effet, Engie a annoncé ce jeudi qu’il fournira à Google un total de 5 térawattheures (TWh) étalés sur 12 ans, à partir du projet éolien en mer de Moray West, qui sera mis en service en 2025 au large des côtes écossaises. D’une capacité de production de 882 mégawatts (MW), dont 100 MW dédiés à la fourniture de courant à Google, celui-ci sera développé par Ocean Winds, une joint-venture dédiée à l’éolien offshore détenue à 50/50 par le Portugais EDPR et par Engie.
Concrètement, il s’agira d’alimenter des data-centers et des bureaux de Google au Royaume-Uni. Lesquels ne seront pas directement connectés au parc éolien offshore mais se trouveront « dans la même zone électrique », précise à La Tribune Jérôme Malka, vice-président d’Engie GEMS, l’entité en charge des approvisionnements et de la gestion des risques. Autrement dit, le contrat sera rattaché à des garanties d’origine, c’est-à-dire des documents électroniques servant à prouver qu’une quantité équivalente de l’énergie consommée par Google dans le cadre du PPA aura bien été produite dans le parc de Moray West, même si elle proviendra en réalité du réseau national. L’idée : que « cette électricité décarbonée ne soit pas revendiquée par quelqu’un d’autre », note Jérôme Malka, mais se voit bien achetée uniquement par Google, en fonction de sa consommation sur l’année.
Cependant, il ne s’agira pas uniquement d’un calcul comptable détaché des réalités physiques, assure-t-on chez Engie. En effet, le système de garanties d’origine se trouve sous le feu des critiques, puisqu’il permet à des fournisseurs d’afficher un portefeuille « 100% renouvelable » sans avoir à faire coïncider la consommation tirée du réseau à une heure donnée et la production réelle du parc à ce même horaire. Et ce, en acquérant via ces garanties d’origine la production qu’une éolienne ou un panneau solaire aura produite à quantité équivalente n’importe quand dans l’année. Ce qui permet de contourner le problème de l’intermittence de ces sources d’énergie, très dépendantes du vent ou du soleil, et qui ne délivrent donc pas des électrons en permanence.
« Pour ce PPA, l’idée est d’aligner le plus possible la production sur le parc éolien à la consommation réelle, y compris au pas horaire, et pas uniquement en somme annuelle. Google a l’ambition d’avoir une fourniture d’énergie verte qui colle au plus près à son profil de consommation », affirme Jérôme Malka. La symétrie entre l’offre issue du parc de Moray West et la demande d’électricité par Google à chaque heure devrait même atteindre « près de 90% », certifie-t-il.
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Ce nouveau contrat devrait ainsi permettre à Google de continuer à « verdir » sa consommation d’énergie, en ligne avec son objectif de « fonctionnement total avec de l’énergie décarbonée d’ici à 2030 ». Aux Etats-Unis, les géants du numérique américains ont d’ailleurs été pionniers de ces PPA, pour tenter de verdir la forte consommation de leurs centres de données dans les années 2010.
Et l’Europe tente désormais de rattraper son retard. Google n’est d’ailleurs pas la seule entreprise à se lancer dans des partenariats avec des énergéticiens du Vieux continent, afin de sécuriser ses achats d’électrons sur plusieurs années. Il y a un an, Engie avait notamment signé un important PPA avec le géant allemand BASF, le plus grand groupe chimique au monde, afin de lui fournir de l’électricité pendant 25 ans. En France, ce sont la SNCF et Renault qui ont récemment marqué l’actualité en souscrivant des contrats d’approvisionnement direct avec des producteurs d’énergies renouvelables.
« Progressivement, des entreprises viennent se substituer, là où ça a du sens, à des mécanismes de soutien public », note Jérôme Malka.
En effet, au fur et à mesure que les coûts de production des éoliennes et autres panneaux solaires se sont rapprochés des coûts de production des centrales à gaz ou au charbon, de plus en plus de groupes privés se sont positionnés comme des acheteurs directs de ces productions. De quoi booster le développement des actifs renouvelables, lesquels ne seraient donc plus forcément dépendants du soutien des autorités nationales, via des contrats de complément de rémunération avec l’Etat ou des incitations fiscales.
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Et pourtant, depuis quelques mois, la dynamique s’essouffle quelque peu. Et ce, alors même que les prix des combustibles fossiles explosent – ce qui devrait a priori rendre d’autant plus rentables ces achats directs d’électricité renouvelable. « Les projets ne se développent plus aussi bien à cause d’une forte inflation des coûts des composants, et d’une très forte désorganisation de la chaîne d’approvisionnement, liée à la pandémie puis à la guerre en Ukraine », explique Jérôme Malka.
À cela s’ajoute le fait que la volatilité extrême sur les marchés de l’énergie « peut finalement inciter certaines entreprises à attendre une meilleure visibilité » avant de conclure des contrats sur le long terme, poursuit le vice-président d’Engie GEMS.
« Développer de tels actifs implique de mener des activités industrielles au long cours. Les projets dont on parle aujourd’hui sont issus d’un travail de plusieurs années, et ont été réfléchis dans un certain univers de coûts. Quand, d’un coup, ces paramètres se retrouvent chamboulés, il y a forcément des projets qui ne passent plus », glisse un énergéticien à La Tribune.
En-dehors de quelques exceptions, en France, les développeurs d’énergie renouvelable ont ainsi préféré répondre aux appels d’offres organisés par l’Etat, qui garantissent, eux aussi, un prix de vente de l’électricité dans la durée. Et pour cause, ceux-ci ont « confiance dans le fait que l’Etat va tenir son engagement, là où si le contrat est conclu avec un acteur privé, il y a un risque de défaut », explique-t-on à Bercy.
Conscientes de ces freins, les autorités publiques tentent cependant d’accélérer et de simplifier les procédures, afin de doper l’installation des renouvelables. Dans l’Hexagone, l’exécutif a récemment proposé un fonds de 68 millions d’euros, garantissant aux producteurs d’énergies renouvelables qu’ils seront payés même si l’industriel avec lequel le PPA a été conclu fait faillite. Reste à voir si ce mécanisme boostera la signature de ce type de contrats, alors que la France se trouve largement à la traîne sur le sujet.
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