Contrat de gestion: «Les subsides versés à la RTBF détruisent le marché» – Le Soir

Les éditeurs de presse dénoncent le projet de contrat de gestion de la RTBF qui, selon eux, élargit les missions de la RTBF aux activités de presse écrite.

C’est criminel pour l’avenir de notre secteur d’activité. C’est l’inverse de ce qu’il fallait faire. Nous sommes très inquiets. ». François le Hodey, CEO d’IPM (La Libre, La DH, L’Avenir) et président de La Presse.be, l’alliance des éditeurs de presse écrite, et Bernard Marchant, CEO de Rossel (Le Soir, Sudinfo…) n’ont pas caché leur désarroi face au projet de contrat de gestion de la RTBF (2023-2027) actuellement sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et qui devrait être adopté d’ici la fin du mois pour entrée en vigueur au 1er janvier.

Ce qu’ils lui reprochent ? D’élargir explicitement les missions de la RTBF aux services écrits en ligne et ce, selon eux, aux mépris de la jurisprudence belge et des engagements que la Belgique a pris vis-à-vis de la Commission européenne en 2014. Confrontés à la nécessité d’attirer de plus en plus d’abonnés numériques payants pour compenser le déclin des ventes de journaux papier, les éditeurs dénoncent depuis des années la concurrence jugée déloyale – car gratuite – de l’offre de presse écrite de la RTBF. François le Hodey résume les enjeux : « Les cinq prochaines années seront critiques pour notre secteur. Aujourd’hui, le modèle économique de la presse est encore soutenu par les ventes papier mais ce ne sera bientôt plus le cas et on devra entièrement se reposer sur les revenus du numérique. Pour ce faire, il va falloir accélérer le nombre d’abonnés payants. On est à 100.000 aujourd’hui et on doit atteindre les 400.000. Si, face à nous, un acteur offre de l’information gratuite subsidiée, on ne va pas y arriver. On ne peut pas faire cohabiter une offre payante et gratuite sur un même marché ». D’autant, souligne-t-il, que cette offre gratuite est en partie composée d’une reprise d’articles parus sur les sites des journaux.
Pour les deux dirigeants, c’est le pluralisme des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles qui est directement menacé. « On a la chance d’avoir en Communauté française de nombreux titres de presse, explique Bernard Marchant. Si on veut conserver cette richesse, il faut un cadre régulatoire qui favorise les complémentarités et pas l’inverse. Sinon il n’y aura plus que le service public. Quand la RTBF reçoit des subsides pour faire une offre internet similaire à la presse mais gratuite, elle détruit le marché et donc le pluralisme ».
À lire aussi «L’offre écrite subsidiée de la RTBF détruit le marché de la presse»
Les deux CEO dénoncent l’inaction politique. « Le CSA (régulateur) a établi que la RTBF ne démontrait pas qu’elle respectait les conditions d’un lien entre les articles publiés sur son site et sa production audiovisuelle comme le demande l’Europe. Et pourtant, rien. Aucune sanction », s’étonne François le Hodey. « On est dans l’impunité totale. Face à cette situation, toute la chaîne hiérarchique démissionne : le conseil d’administration, le CSA, la ministre des médias, le gouvernement ». Les éditeurs dénoncent au passage un problème de gouvernance : « Comment se fait-il que la RTBF écrive elle-même son propre contrat de gestion ? ».
Des balises supplémentaires encadrant l’activité écrite de la RTBF sont pourtant ajoutées dans le projet de futur contrat de gestion. Il est ainsi question d’imposer un pourcentage de 60 % d’articles (puis 70 % à partir de 2025) devant obligatoirement renvoyer vers une vidéo ou un podcast. Pour Bernard Marchant, ces balises sont « inopérantes et insuffisantes ». « C’est 100 % des articles qui doivent être concernés, comme le dit l’Europe. La RTBF a suffisamment de défis à relever dans l’audiovisuel ».
Pour les deux dirigeants, le gouvernement doit revoir la copie. « Il suffit d’écrire que la presse en ligne est accessoire à l’activité audiovisuelle et non pas une sous-activité de l’audiovisuel comme le texte actuel l’affirme », estime Bernard Marchant. Il poursuit : « Si les politiques nous envoient le message que l’information doit être gratuite, alors nous devrons en tirer les conclusions et adapter notre offre. Comment ? Soit en réalisant des médias de niche pour des gens prêts à payer, soit – si on veut rester généraliste – en faisant du gratuit comme 7sur7, Metro, 20 minutes mais l’impact sur l’emploi journalistique sera gigantesque ».
À lire aussi Droits voisins: Rossel et IPM négocieront main dans la main auprès des Gafam
Une menace ? Bernard Marchant s’en défend. « On veut attirer l’attention des décideurs et régulateurs sur ce risque dont ils n’ont pas conscience. C’est notre responsabilité de leur dire qu’ils nous emmènent dans une direction qui aura des conséquences très importantes ». Les éditeurs se disent également déterminés à retourner devant la justice comme ils l’avaient fait il y a plus de dix ans. « On se battra pour défendre notre modèle, le pluralisme et nos rédactions », dixit François le Hodey
La RTBF de son côté s’est refusée à commenter les prises de position de LaPresse.be. Elle a rappelé que le processus de négociation du contrat de gestion de la RTBF « s’inscrit dans un débat pluraliste et transparent et que toutes les parties prenantes ont eu l’occasion de s’exprimer devant le Parlement », dont les éditeurs. Elle souligne que les évolutions proposées dans le futur contrat de gestion comprennent « des limitations de l’offre écrite en ligne et des propositions concrètes pour soutenir la presse écrite privée » avec un fil rouge, « maintenir le pluralisme dans un esprit d’équité. Toutes les recommandations du Parlement et les clarifications de texte demandées par le CSA sont intégrées dans le texte », souligne-t-elle.
À lire aussi Le Belge lit moins de journaux, sauf «Le Soir»
 
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.
Vous n’avez pas de compte ? Créez-le gratuitement ci-dessous :
Norman fait figure d’ancien, après avoir fait ses débuts en 2011 sur la plateforme. Ses vidéos, selon un décompte officiel, ont été vues plus de 2,7 milliards de fois.
Découvrez tous les changements
CIM Source Sûre © Rossel & Cie - 2022
Conditions générales d’utilisation - Conditions générales de vente - Politique de cookies - Politique de Protection Vie privée - Charte des médias - Droits de reproduction

source

A propos de l'auteur

Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE