« Star Academy » : l'heure du conseil de classe – Le Point

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TF1 a-t-elle été bien inspirée en relançant son télé-crochet ? Au vu des audiences, sans nul doute. Pour le reste, on aurait pu faire moins propret.
Temps de lecture : 5 min
Enola, Louis, Anisha ou Léa. À quelques heures de savoir qui remportera Star Academy 2022, TF1 peut déjà se frotter les mains, quel que soit le choix du public. Le retour de l’émission phare des années 2000 relevait du défi. Pari réussi. Le prime time du samedi soir a réuni en moyenne 4,2 millions de fidèles (replay compris), mais surtout 42 % des fameuses ménagères, cible majeure des annonceurs publicitaires, et 48 % des 15-34 ans. Un exploit à l’heure où les jeunes désertent la traditionnelle télévision de papa pour se réfugier sur les plateformes. Même satisfaction pour les émissions quotidiennes qui renouaient avec les règles d’une télé-réalité pourtant décriée ; 1,9 million de fans et quasiment les mêmes moyennes sur les cibles que pour le prime time. Star Academy a réussi son retour. Sans pour autant parvenir à renouer avec le prestige du passé.
Lors de la conférence de presse annonçant le retour du programme courant octobre, Rémi Faure le patron des flux de TF1, avait été très clair : les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que ceux d’il y a 20 ans. Pas de débordements à prévoir ni de sorties tonitruantes aux accents rances d’homophobie, comme le fameux Jean-Pascal qui, en 2001, estimait, micro ouvert, que la danse, c’était « pour les pédés ».
En effet, les académiciens 2022 sont sages. Ou du moins, sérieux. Pas question ici de batifoler, de flirter à tout-va, de donner de l’image à moudre aux amateurs de télé-réalité. Fini, les chambres dévastées, les portes défoncées sous le coup de la colère… Le château de Dammarie-les-Lys, c’est le couvent des Oiseaux mâtiné du Petit Conservatoire de Mireille.

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À la Star Ac 2022, il n’y a pas d’élève du dernier rang. Que du premier de la classe motivé et perclus de doutes, « la marque des vrais artistes » comme aime à leur répéter le corps professoral. Certes, on peut encore souffrir subitement de quelques accès de fainéantise, mais on est vite rappelé à l’ordre par Monsieur le directeur.
Star Academy ne serait-elle plus le reflet de la jeunesse actuelle ? N’allons pas jusque-là. À 20 ans, on aime la comédie musicale, on joue parfois du piano, mais on ne semble pas toujours savoir qui est Julien Clerc ni même Jeanne d’Arc d’ailleurs. On ne prête que peu d’intérêt à la culture du clash. On est bienveillant, soucieux de l’autre et toujours extrêmement tolérant.
Mais si les codes de la télé-réalité pure et dure ne sont pas les bienvenus, les élèves peuvent encore offrir quelques petites phrases virales. Comme lorsque la toute jeune Tiana, incapable de trouver dans son vocabulaire le mot adéquat, avoue à l’une de ses camarades que la première fois qu’elle l’a vue, elle l’a trouvée « un peu coconne mais dans le sens positif ». « Genre niaise ? » lui demande un autre. « C’est qui, niaise ? » répond la gamine, persuadée qu’il s’agit là d’un prénom.
Au final, mis à part quelques réactions dictées par la spontanéité, rien ne vient parasiter la vie du château. Pas même les crises de larmes de Louis ou les interrogations existentielles un peu lassantes de la bonne élève Anisha. Pas de candidat insupportable, à détester (Paola a raté de peu le coche)… Seul Julien, le gentil bad boy aux cheveux longs, abonné du banc des nominés mais pourtant acclamé par le public pendant les pauses pub du prime time, a vaguement renoué avec les Jean-Pascal et Georges-Alain du passé, sans pour autant atteindre leur niveau d’incompétence scénique. Résultat : pas une tête ne dépasse dans cette promotion aussi sympathique soit-elle. Et aucun gagnant en puissance ne sort du lot.
Le mot d’ordre est simple : circulez, y’a rien à voir… Ici, on bosse. On bosse les évaluations, on bosse les chansons du prime, on bosse matin, midi et soir et quand on se pose, c’est pour parler performances. On n’est pas là pour se préparer une place au chaud dans les prochaines saisons des Anges de la télé-réalité. Les évaluations nous sont montrées dans leur quasi-intégralité, les répétitions aussi.

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Que reste-t-il des prime time d’autrefois ? Un Nikos en pilote aussi automatique que bienveillant, un découpage quasi identique avec ses duos, ses performances vocales, ses appels au vote et son efficace suspense final pour savoir qui les élèves, en larmes, vont condamner à ne pas rentrer au château pour emprunter le chemin de l’oubli collectif.
Ne comptez plus sur une Beyoncé ou une P !nk (pourtant en plein exercice de promo depuis quelques semaines) pour créer l’événement du samedi soir. Pas de stars internationales à l’horizon cette saison, si ce n’est quelques rares chanteurs anglo-saxons du moment… Même le parrain, Robbie Williams, ne fait son apparition qu’à l’occasion de la finale pour se compromettre avec les deux derniers finalistes.
Mais la programmation se rattrape avec la scène française : Véronique Sanson côtoie tous les artistes du moment, souvent estampillés The Voice (Kendji Girac, Zazie, Amel Bent, Garou, Patrick Fiori, Vianney, Marc Lavoine) ou encore Zaz et Patrick Bruel, sans oublier les anciennes gagnantes du show, Jenifer, Nolwenn Leroy ou Élodie Frégé, et quelques représentants de la scène rap, de Dadju à Gims en passant par Naps (interprète inspiré de « La Kiffance ») pas toujours à l’aise dans le cadre d’une émission de variétés du samedi soir.
Pour autant, le show est assuré. Malgré de pénibles soucis de sons, chacun fait gentiment son travail. Mais, hélas, pas de couac sur scène (à peine une balançoire qui refuse de donner un peu de hauteur à la divine Léa), pas de paroles oubliées, de chutes malencontreuses ou de prestations catastrophiques. Et donc pas de progression fulgurante destinée à s’attacher à un élève plutôt qu’à un autre. Cependant, les shows du samedi soir ont évolué et n’ont plus peur d’être en phase avec leur temps. Ainsi dans Star Academy 2022 voit-on Louis, un gamin de 20 ans, venu de la campagne du Lot-et-Garonne, assumer sa part de féminité dans un numéro chorégraphié sur talons aiguilles.

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Côté profs, même tonalité. Personne ne doit éclipser personne, même si Yanis Marshall, le professeur de danse, tire la couverture fluo à lui, en se contenant de jouer, sans en abuser, la carte de la diva. Il faut le voir pendant les coupures pubs du prime time déambuler sous les acclamations du public, affublé d’un assistant pour tenir la traîne de son poncho rose, jouant volontiers avec son image. Sans méchanceté. Pour autant, il ne fait pas d’ombre au reste du corps professoral, visiblement impliqué et peu désireux de prendre toute la lumière.
Nouveauté : Michael Goldman, le directeur de la promo, parvient à marquer les esprits avec un discours censé, un choix de mots judicieux pour parler aux élèves, ringardisant immédiatement l’ancienne directrice, juge et partie, Alexia Laroche-Joubert, trop occupée à booster les audiences du show dont elle était aussi la productrice.
Résultat de notre évaluation : en cette rentrée télé, Star Academy fait figure de bonne élève, sérieuse, appliquée et humble. Avec des résultats au-dessus de la moyenne, elle souffre encore d’un petit manque d’aspérité auquel la saison de 2023, pas encore signée mais en bonne voie de l’être, devra remédier.
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