Parcoursup 3 ans après, l'agent du bouleversement ? – Infirmiers.com

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Augmentation des abandons, niveau insuffisant des étudiants… Depuis sa mise en place il y a trois ans, le mode de sélection d’entrée en IFSI par Parcoursup est accusé par certains de tous les maux. Un avis que, sur le terrain, étudiants et responsables des formations ne partagent pas.
La réforme de Parcoursup aurait eu tendance à faire légèrement diminuer l’âge d’entrée en IFSI.
La sélection, où il n’y a plus d’entretien, n’est pas adaptée. La formulation de Rémi Salomon, président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris, est lapidaire. Dans son rapport sur la situation de l’hôpital , publié en avril 2022, le Sénat jugeait en effet peu pertinents la suppression du concours d’entrée en IFSI et son remplacement par le mode de sélection par Parcoursup, opérés en 2019, entre hausse des taux d’abandon et annualisation du processus d’entrée en formation (auparavant réparti sur deux semestres) qui concentre les recrutements en fin d’été. Soit bien loin du rythme des départs des professionnels dans les équipes. Alors que sont sortis en juillet 2022 les premiers infirmiers diplômés entrés par Parcoursup, et que la formation demeure la première demandée sur la plateforme pour la troisième année consécutive (environ 100 000 inscrits, stable depuis 2019), quel bilan tirer de la réforme ?
Sur le terrain, force est de constater que l’on ne partage pas le point de vue des Sénateurs. Il est certain que Parcoursup nous a donnés une plus grande visibilité. Je pense qu’auparavant, se préparer à un concours limitait les opportunités pour certains jeunes, estime Michèle Appelshaeuser, directrice du Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres (CEFIEC) et directrice des soins à l’IFSI de l’EPSAN de Brumath (Grand Est). Je pense effectivement que la réforme Parcoursup a vraiment stimulé les inscriptions des étudiants en formation infirmière, abonde Florence Girard, présidente de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (ANdEP) et référente Parcoursup pour les IFSI. Côté étudiants, nous pensons que la suppression du concours est une bonne chose, affirme Mathilde Padilla, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI).
Et les arguments avancés pour défendre le nouveau système sont multiples, à commencer par l’aspect financier. Payant, à hauteur de 90 euros pour chaque IFSI auxquels s’ajoutaient frais de déplacement, logement…, le concours pouvait en effet être excluant pour certaines catégories de population. Dans un contexte où les étudiants en soins infirmiers sont encore largement pénalisés par les frais de rentrée , ces économies ne sont pas négligeables. De quoi, pour la FNESI, favoriser l’égalité des chances. Le concours ne permettait pas de refléter l’intégralité des capacités de l’étudiant. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus juste de juger un étudiant sur un parcours de 3 ans, où on a le temps d’évaluer son évolution durant tout son lycée, plus que sur un instant T, estime de plus Mathilde Padilla. L’oral, lui, était un exercice un peu surfait, souligne Elisabeth Wisniewski, directrice des soins à l’IFSI de Nancy. On voyait arriver des candidats qui étaient très bien préparés. Il n’était pas forcément la garantie d’une meilleure sélection.
Les étudiants ne rentrent pas en IFSI en étant infirmiers ; ils y entrent pour apprendre à le devenir.
La question se pose en réalité d’autant moins que la sélection par Parcoursup s’appuie sur un dossier de candidature composé de plusieurs pièces : bulletins de notes, fiche “Avenir” remplie par les professeurs, projet motivé, et fiche “Activités et centres d’intérêt”. C’est le croisement de l’ensemble de ces données, qui donnent lieu à une note finale, qui conduit ensuite chaque Commission d’examen des vœux (CEV)* à se prononcer sur la sélection des candidats, détaille Florence Girard. Cet examen qualitatif du dossier est minutieux, ajoute-t-elle. De quoi évaluer de manière fine le niveau des candidats. Les étudiants ne rentrent pas en IFSI en étant infirmiers ; ils y entrent pour apprendre à le devenir, rappelle Mathilde Padilla à toutes fins utiles. À noter toutefois que si les CEV appliquent toutes une grille plus ou moins similaire dans la prise en compte de ces critères définis au niveau national, d’autres éléments sont laissés à la discrétion de chacune qui, à ce titre, n’ont pas à être portés à la connaissance des étudiants. Nous avons une certaine latitude de codification, admet Michèle Appelshaeuser. Cette latitude peut notamment s’exprimer dans chaque IFSI sur les quotas d’admission des différents baccalauréats (généraux, technologiques…), à titre d’exemple. Un manque de transparence que déplore la FNESI, pour qui cette liberté relative nuit à l’égalité des chances. Plusieurs critères de sélection peuvent être subjectifs, intervient Mathilde Padilla. Nous aimerions en avoir une meilleure visibilité.
La qualité des profils ne serait donc pas menacée par ce nouveau mode de sélection. Mais qu’en est-il de la motivation réelle des candidats ? Dans une récente enquête menée auprès de ses 357 IFSI adhérents , le CEFIEC observait un taux de 13% d’abandon après deux mois de formation. L’une des causes avancées : une mauvaise orientation via Parcoursup, notamment due à une perception biaisée du métier d’infirmier ou à une information incomplète. Notre profession est très idéalisée, reconnaît la présidente de la FNESI. Le métier n’a pas de difficultés à attirer les étudiants. Les problématiques apparaissent quand ceux-ci se confrontent aux réalités du terrain et de la formation, qui sont extrêmement difficiles. Le motif principal, c’est une erreur d’orientation, une représentation erronée du métier, suivi de raisons familiales, avec la nécessité de se rapprocher d’un proche, juge ainsi Elisabeth Wisniewski, citant les résultats d’une enquête menée auprès des 15 IFSI de Lorraine. En réalité, note Michèle Appelshaeuser, la question des abandons n’est pas nouvelle. Si le niveau d’exigence de la formation peut en déstabiliser certains, c’est surtout le premier stage qui est déterminant, lorsque les étudiants se retrouvent en situation de devoir prendre quelqu’un en soin. Le tutorat prend ici tout son sens et toute son importance. Equation compliquée, alors même que les équipes soignantes, au vu du contexte de pénurie et de charge de travail, ne sont pas toujours en mesure de proposer le meilleur encadrement possible. Mais ce phénomène, s’il semble s’être aggravé dans le sillage de la pandémie de Covid, s’observait déjà du temps de l’existence du concours.
Par ailleurs, tout est mis en œuvre pour favoriser en amont l’information des candidats sur la formation et le métier d’infirmier, assurent les trois professionnelles : vidéos sur Parcoursup, interventions dans les lycées, présence en forums métiers… Pour autant, des progrès restent encore à faire, admet Florence Girard. Il faudrait commencer à informer dès la Première. Et il faut renforcer les liens avec les professeurs de lycée, voire les inspecteurs d’académie, propose-t-elle notamment. Les erreurs d’orientation sur une formation ouverte, c’est complètement normal, estime de son côté Mathilde Padilla, qui dénonce toutefois des campagnes de communication nationales inadaptées. On nous parle de vocation alors que ce terme est parfaitement obsolète, s’agace-t-elle, réclamant plutôt de privilégier une plus grande sensibilisation aux réalités du métier.
Le mode de sélection par Parcoursup a cependant introduit de nouveaux paramètres à prendre en compte : la diversité plus importante des profils et la capacité des formateurs à y répondre. Pour la FNESI, si la variété des candidats est perçue positivement – les infirmiers soignent tout le monde et on a besoin d’avoir un peu plus de diversité au sein de nos IFSI, défend sa présidente – la formation, elle, n’a pas su s’adapter. Du côté des directions des instituts, on plaide surtout pour le renforcement des suivis pédagogiques personnalisés, afin notamment de détecter plus tôt les étudiants en difficulté et ceux qui auraient intérêt à se réorienter, afin de ne pas les laisser sur un sentiment d’échec, argumente Michèle Appelshaeuser. Peut-être faudrait-il sensibiliser les formateurs sur les manières de repérer un décrochage, sur les premiers signes d’alerte et, quand ce n’est pas un souci d’orientation, sur les façons de donner aux étudiants les moyens de poursuivre leur formation. Au-delà de ces considérations, toutes s’accordent à dire que la formation doit évoluer. Avec un objectif essentiel : augmenter le taux de rétention des étudiants en assouplissant notamment son organisation et en donnant aux formateurs plus de temps pour les suivis personnalisés. La réflexion actuellement menée pour actualiser le décret infirmier devrait justement permettre de repenser la formation.
On a des jeunes qui, malgré tous les discours négatifs sur notre profession, souhaitent s’y engager.
Reste que trois ans après la mise en place de la réforme, la motivation des nouveaux diplômés est inchangée. Pour l’instant, je ne vois pas de révolution majeure. On a des jeunes motivés, qui s’accrochent et qui, malgré toutes les embuches, tous les discours négatifs qu’on peut entendre sur notre profession, souhaitent quand même s’y engager, témoigne Michèle Appelshaeuser. Quant au procès en compétences moindres que l’on pourrait être tenté de faire à ces nouveaux diplômés, Elisabeth Wisniewski met en garde : cette promotion est bien particulière, non du fait de son mode d’entrée mais parce qu’elle a dû s’accommoder de conditions de formation dégradées par la pandémie de Covid. Si aujourd’hui, les étudiants de cette promotion se sentent plus hésitants, ce n’est pas la faute de Parcoursup. C’est parce qu’ils ont été mobilisés en renfort pendant la crise sanitaire et qu’ils n’ont pas forcément eu la possibilité de déployer leurs compétences infirmières, martèle-t-elle. Au bout de 3 ans, j’ose espérer qu’on ne se base plus sur les compétences qu’ils avaient quand ils se sont inscrits sur Parcoursup !, achève Mathilde Padilla.
*Le travail des CEV consiste à choisir et examiner les éléments des dossiers des candidats permettant de traduire l’adéquation entre ceux-ci et les attendus de la formation demandée. Elle se compose notamment des directeurs d’IFSI, du rectorat, des représentants de la région, et de ceux des universités.
Journaliste audrey.parvais@gpsante.fr
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