COP15 : ce qu'il faut savoir avant la COP de la biodiversité – Youmatter

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Par HEINEKEN France
Clément Fournier – Rédacteur en chef
Formé à Sciences Po Bordeaux et à l’École des Mines de Paris aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques, Clément est depuis 2015 rédacteur en chef de Youmatter.
Publié le 25 novembre 2022
Le 7 décembre prochain à Montreal débutera la COP15, la Conférences des Parties de la Convention sur la Diversité Biologique, qui doit permettre aux gouvernements internationaux d’agir pour lutter contre la crise de la biodiversité. Avant les négociations, on fait le point sur les enjeux du sommet.
Au Sommet de Rio en 1992, les gouvernements internationaux ont mis en place plusieurs conventions internationales relatives aux problématiques environnementales. La plus connue est peut-être la CCNUCC, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui prévoit l’organisation régulières de COP (Conférences des Parties) réunissant les dirigeants internationaux autour des enjeux climatiques. Mais il existe notamment une autre convention fondamentale signée en 1992 : la Convention sur la Diversité Biologique (CDB).
Cette convention prend acte de la crise que traversent les écosystèmes mondiaux : dégradation des milieux naturels, disparition de la biodiversité, pertes des ressources naturelles… Elle met en place un système de COP, comme les COP sur le climat, qui se réunissent périodiquement pour définir des cibles, des objectifs, et se mettre d’accord sur des stratégies visant à mieux préserver les écosystèmes et la biodiversité.
La COP15 qui devait à l’origine se tenir en Chine en 2019 a été repoussée plusieurs fois à cause de la crise de la Covid-19. Elle se déroulera finement à partir du 7 décembre à Montreal, pour faire avancer les négociations sur les enjeux de la biodiversité mondiale.
Cette COP est probablement l’un des sommets environnementaux les plus importants depuis des années. D’abord car la biodiversité est un enjeu essentiel, bien moins médiatisé que la crise climatique, alors que les implications de la disparition de la biodiversité sont gigantesques. La crise de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes ont des conséquences directes sur notre santé, sur notre productivité agricole, sur nos économies, sur des industries comme la pharmacie. Globalement, ces crises remettent en cause la capacité de nos sociétés à survivre et se développer sur Terre. La question de la biodiversité et des écosystème est également au carrefour de toutes les autres crises écologiques : la crise de la biodiversité alimente le dérèglement climatique, joue sur la qualité des eaux, de l’air, sur la résilience de nos territoires…
Cette COP est aussi fondamentale à cause de son timing. Elle arrive en effet après la fin du cycle de négociation débuté en 2010 dans la Préfecture d’Aichi, au Japon, qui avait défini des objectifs et une stratégie pour la période 2010-2020. Les négociations de Montreal doivent donc établir une nouvelle feuille de route pour l’action internationale en faveur de la biodiversité pour la période 2020-2030. Les négociations doivent aboutir à un accord cadre, qui guidera l’action internationale, un peu à l’image de ce qu’a pu être l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015.
Or, cette période est véritablement charnière : les derniers rapports de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) ont montré que la crise s’accélère et que les prochaines années seront décisives si l’on veut préserver les conditions d’une vie soutenable pour l’Humanité. Les décisions qui seront prises lors de la COP15 auront donc des implications majeures sur la protection de l’environnement dans les prochaines années.
Durant le cycle qui s’achève avec les Accords d’Aichi, les progrès ont été beaucoup trop lents. Le rapport publié par la Convention en 2019 montrait qu’aucun des vingt Objectifs d’Aichi n’avait été atteint : ni la réduction de moitié des pertes d’habitats naturels, ni la fin des subventions aux produits nocifs pour la biodiversité, ni la protection de 17% des zones terrestres et 10% des zones marines… La situation est donc catastrophique : chaque année les rapports scientifiques montrent que de plus en plus d’espèces disparaissent, que la contamination des milieux (notamment aux pesticides) se généralise, que les écosystèmes s’érodent. L’IPBES annonçait que d’ici la fin du siècle, près d’un million d’espèces vivantes pourraient avoir disparu.
La biodiversité est un enjeu extrêmement complexe, qui touche toutes les activités humaines. Contrairement au réchauffement climatique, pour lequel il « suffit » de faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre, agir pour la préservation de la biodiversité implique de travailleurs sur de multiples indicateurs, via des actions dont les effets ne sont pas toujours directement mesurables. Il faut à la fois gérer la conservation des milieux, améliorer la qualité de l’air, des eaux, des sols, lutter contre le réchauffement climatique, agir contre l’artificialisation des sols, changer nos modes de gestion agricoles, forestiers, nos pratiques culturelles… Il est donc plus difficile de trouver des leviers d’actions simples, identifiables, qui fassent consensus.
Cette complexité explique sans doute en partie pourquoi les enjeux de biodiversité sont nettement moins médiatisés que les enjeux climatiques, et pourquoi les dirigeants mondiaux s’investissent moins sur ces questions. En 2018, à la COP14 qui se tenait (comme la COP27 sur le climat) à Charm-el-Cheikh, peu de chefs d’Etat avaient fait le déplacement : la France y était d’ailleurs représentée par sa Ministre de la Transition Écologique de l’époque, Emmanuelle Wargon. D’autre part, le contexte international depuis 2019 n’a pas vraiment favorisé le dialogue sur le sujet de la biodiversité : la Covid-19, puis l’invasion de l’Ukraine ou l’inflation, ont fait passer les négociations de la COP au second plan. Les sessions de travail intermédiaires qui ont eu lieu notamment à Genève en 2022 ont été peu médiatisées, et n’ont pas permis de faire beaucoup d’avancées. Le monde associatif avait ainsi estimé que les négociations avançaient à « un rythme glacial ».
En 2018, la COP14 avait permis d’avancer sur les engagements volontaires des Etats en matière de protection de la biodiversité, et avait mis l’accent sur la nécessité de coordonner l’action sur la biodiversité à celles menées sur le climat ou la lutte contre la désertification et la déforestation. Elle avait aussi mis en débat la question du rôle des communautés locales, notamment indigènes, dans la protection des écosystèmes.
Cette année, quatre enjeux seront particulièrement importants.
Les objectifs d’Aichi prévoyaient la mise en place d’aires protégées sur 17% des terres et 10% des zones marines. Les textes discutés à Genève fixent un objectif plus ambitieux : 30% sur terre et sur mer. C’est l’idée du programme 30/30 : 30% d’aires protégées en 2030. L’enjeu est crucial puisque les données scientifiques, notamment émanant de l’IPBES, confirment que la mise en place de zones protégées, gérées durablement, exemptes de perturbations humaines, est l’un des leviers les plus efficaces pour préserver écosystèmes et biodiversité.
Les études récentes plaident même pour des chiffres encore plus élevés, et estiment qu’il faudrait viser autour de 50% de la planète en aire protégée pour agir vraiment face à l’érosion de la biodiversité et la crise des écosystèmes. Seulement, ces zones ne doivent pas être choisies au hasard, et elles doivent correspondre à des éco-régions riches en biodiversité ou critiques du point de vue écosystémique. De plus, ces régions ne sont pas réparties de façon homogène sur la planète, et l’effort de protection devrait alors peser plus fortement sur certains Etats. Le Costa-Rica pourrait être amené à protéger plus de 70% de son territoire, le Brésil plus de 50%… La Russie, le Canada, l’Australie, la Chine et les Etats-Unis feraient partie des pays amenés à faire le plus d’efforts de protection.
Arriver à un accord ambitieux sur ce sujet sera certainement complexe, car la protection des zones naturelles entre souvent en contradiction avec les projets d’exploitation de ressources (forestières, minières, agricoles, marines…) qui sont souvent une priorité économique pour ces Etats. Si de nombreux pays affichent de bonnes intentions sur ce sujet, les négociations risquent dans les faits d’être difficiles, et il faudra bien définir ce que l’on entend par aire protégée.
Comme en matière climatique, le financement est un enjeu essentiel de la lutte contre la crise de la biodiversité, et une question qui fracture pays riches et pays pauvres. En effet, la plupart des zones naturelles riches en biodiversité (que l’on appelle parfois des hotspots) sont situées dans des pays pauvres ou des pays en développement, alors que la plupart des pays riches ont déjà très largement dégradé leur biodiversité et leurs écosystèmes locaux. Conformément au principe de responsabilité commune mais différenciée, les pays riches devraient en théorie contribuer financièrement aux efforts de protection dans les pays pauvres. Il faudrait donc créer un fond, et l’alimenter, pour financer les projets de conservation, de restauration, ou de transition.
Un groupe de pays réunissant des nations africaines, sud-américaines et asiatiques pousse pour l’adoption d’un fond spécifique, alimenté à hauteur de 100 milliards par an, et jusqu’à 700 milliards en 2030. Mais qui acceptera de payer ? À quoi serviront les fonds ? Avec quel type de contrôles ? Toutes ces questions doivent être formalisées dans le futur accord.
Autre enjeu fondamental : les subventions aux produits nocifs. Aujourd’hui, la plupart des pays du monde continuent de subventionner des produits ou des modèles de production qui dégradent la biodiversité et les écosystèmes : énergies fossiles, pesticides et certains modèles agricoles, par exemple. Les pré-discussions menées à Genève appelaient à réduire de 500 milliards par an ces subventions au niveau international. Le monde associatif, lui, préconise l’arrêt des subventions pour ces produits.
Là encore, pas simple de parvenir à un consensus, dans la mesure où les politiques intérieures dépendent bien souvent de ces subventions. En France et en Europe, on peut ainsi citer la politique agricole commune qui, bien que la nouvelle PAC ait fait des progrès en matière environnementale, continue de subventionner des pratiques agricoles pas toujours très vertueuses. On pourrait aussi mentionner les massives subventions perçues par les industries des énergies fossiles, qui continuent malgré la crise climatique.
Enfin, la question des ISN fera certainement débat à la COP15. L’Information sur les Séquences Numériques, terme technique pour un sujet qui l’est tout autant, désigne les questions relatives au séquençage ADN du vivant, et sur son possible encadrement.
Qui peut séquencer (et breveter ?) des ressources génétiques issues de la biodiversité mondiale ? Dans quelles conditions doit-on ouvrir l’accès à ces ressources essentielles ? Comment redistribuer les profits générés par les industries qui reposent sur ces séquencages ? Derrière sur ce sujet, il y a la question plus large de la marchandisation du vivant et de la privatisation des ressources biologiques. Les accords qui seront trouvés à Montreal pourraient servir de base à la constitution d’un corpus de régulation sur ce sujet… Une question fondamentale pour l’avenir.
D’autres sujets comme la sensibilisation, le rôle des populations indigènes ou des minorités dans la protection de la biodiversité ou la mesure d’impact sur la biodiversité seront très certainement discutés. En tout état de cause, cette COP s’annonce comme un sommet charnière. À quelques jours de son lancement, difficile de dire si elle aboutira à un succès similaire à celui de l’Accord de Paris, ou si elle aura le même destin que la COP15 sur le climat, qui s’était tenue en 2009 à Copenhague, et est restée dans les mémoires comme l’une des plus grandes déceptions des négociations internationales sur l’environnement.
Pour le savoir, rendez-vous le 19 décembre prochain. En espérant que le mondial au Quatar, dont la finale se tient la veille, laisse un peu de place pour parler de cette « COP du monde » biologique…
Photo par Jessica Weiller sur Unsplash
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