“ Être réactif dans les limites de la rentabilité ” – FAQ Logistique

‘‘Être réactif dans les limites de la rentabilité ’’
Isabelle BADOC
Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions Marketing Manager chez Generix Group
Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions Marketing Manager chez Generix Group
Interview réalisée le mardi 20 septembre 2022 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « Comment maîtriser la visibilité de sa Supply Chain ? »
Les dysfonctionnements des chaines d’approvisionnement sont devenus le quotidien des managers. La visibilité Supply Chain favorise la mise en place de solutions réactives pour y pallier. En ayant suffisamment d’informations sur ce qui se passe chez les autres intervenants de la chaine, chacun des maillons peut optimiser ses opérations et dimensionner au mieux ses ressources.
Néanmoins, même si le temps réel est souvent évoqué, la notion de flexibilité des organisations doit être tempérée. Il existe en effet des contraintes économiques dont il est compliqué de s’affranchir. Un modèle de production de masse nécessite d’organiser le lancement de grandes séries pour atteindre les objectifs de rentabilité. Il n’est pas réellement envisageable de se mettre à traiter les commandes à l’unité ou à livrer les colis un par un pour aller plus vite. On retrouve la même logique dans l’entrepôt : c’est en constituant des groupes de commandes homogènes et en lançant des lots de préparations que la performance des opérateurs est optimisable.
Une énorme masse d’informations est générée dans l’entrepôt. Disposer de systèmes de visibilité performants permet d’en profiter réellement.
Le premier grand bénéfice tient en la possibilité d’ajuster de manière dynamique l’affectation des tâches aux opérateurs en fonction de leur productivité, de ce qui tombe dans le portefeuille de commande, des marchandises en transit, des arrivées et retards prévisionnels de camions, etc.
Prenons l’exemple du cross-docking dans le secteur des produits frais. En ayant une vision claire des arrivées, l’entrepôt sait s’il peut se permettre d’attendre les commandes de ses fournisseurs avant d’expédier la marchandise vers les magasins ou s’il est trop tard et que les livraisons doivent être lancées.
Je viens de le souligner, cette réactivité doit cependant toujours rester dans les limites de la rentabilité.
Ce n’est pas parce qu’on saurait traiter les commandes une par une que c’est le modèle à adopter.
L’entrepôt dispose d’une masse de missions à mener, changer en continu les tâches des opérateurs n’est pas concevable économiquement.
En fait, c’est surtout la notion de "cut off" qui peut pousser cette volonté de réactivité en temps réel. L’objectif est de déterminer l’heure limite à laquelle il est encore possible de prendre en compte et de traiter les instructions de ses clients. Tout dépend néanmoins de l’organisation de l’entrepôt.
En général, celle-ci est drivée par le plan de transport.  Si l’entrepôt utilise un transporteur qui se présente à heure fixe (par exemple une navette Chronopost qui arrive tous les jours à 16h), la marge de manœuvre est limitée quant à la possibilité de repousser le cut off.
Certaines organisations ont néanmoins adopté un autre modèle. Une fois la commande prête et emballée, le « meilleur transporteur » est recherché parmi le pool de prestataires qui doivent se présenter. Ce choix est réalisé en fonction de critères tels que les zones desservies, les services offerts, le prix, le taux de qualité, etc. C’est le fonctionnement d’un acteur comme Amazon. Néanmoins pour être valable, cette organisation requiert d’avoir à expédier des volumes très importants.
L’autre grand bénéfice de la visibilité réside dans le fait de faire mieux collaborer les briques technologiques à l’intérieur de l’entrepôt pour en tirer de réels avantages en termes d’alertes et d’analyses. Nombre de magasins s’équipent avec des automates, de l’IoT, des caméras, de la RFID, du beacon, etc. pour divers usages (productivité, contrôle, etc.).  Toutes ces technologies captent l’information, puis la mettent à disposition soit d’applications propres pour réaliser des contrôles très ponctuels, soit d’une solution centrale de pilotage de l’entrepôt, un WMS, par exemple.
Ces éléments permettent de donner de la visibilité aux différents managers d’équipe et au directeur de l’entrepôt. L’objectif n’est pas de restituer l’information brute sur chaque opérateur ou process. Ce serait indigeste et ne servirait finalement à rien. Les enjeux sont au contraire :
Tout ceci nécessite d’énormes capacités de calcul. Nous n’en sommes qu’au début, mais je pense qu’à terme, des intelligences artificielles seront capables de prendre des décisions autonomes pour l’affectation des missions, la gestion des priorités, etc.
Quand on évoque la visibilité transport, c’est généralement à l’ETA qu’on pense en premier. Les entreprises souhaitent en effet pouvoir informer leurs clients de l’heure prévisionnelle de livraison et vérifier que celle-ci est bien respectée. 
Mais le volet analytique a aussi une grande importance. En disposant des données pertinentes pour étudier sa performance (conduite des chauffeurs, taux de remplissage, routes empruntées, etc.), il devient possible d’identifier les pistes d’amélioration et de suivre les effets de leur mise en œuvre sur les plans de la qualité de service, des coûts de réalisation de la prestation et de l’impact environnemental des livraisons.
Jusqu’à présent, c’est avant tout la contrainte réglementaire qui a fait avancer les entreprises sur le sujet.
Néanmoins, même s’il existe des plateformes visant à faciliter le partage d’informations sur le sujet, les acteurs peuvent encore aujourd’hui faire preuve de frilosité au moment de communiquer les données qu’ils génèrent. Une certaine crainte de ce qui en sera fait par le chargeur demeure souvent.
La communication de ces données est pourtant clé. Il est impossible d’améliorer l’impact environnemental global de la chaine d’approvisionnement, si cela n’est pas fait de manière coordonnée. Tous les Supply Chain Managers le savent, une optimisation individuelle de chaque silo ne permet pas d’atteindre l’optimal global.
Les acteurs doivent donc gagner en maturité. Les plateformes ne peuvent subsister que si elles répondent à une vraie demande. Une fois les levées de fonds opérées, il faut bien qu’elles s’inscrivent dans un marché pour pouvoir fonctionner de manière pérenne.  
L’autre élément déclencheur peut néanmoins venir de l’aspiration des consommateurs. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à chercher des développements plus écoresponsables. Ils souhaitent pouvoir prendre des décisions en connaissance de cause (sur la livraison, sur la manière de récupérer leurs produits, etc.)
C’était l’idée des projets de prévisions de vente partagées menés il y a déjà 25 ans. Malheureusement trop peu de choses ont été mises en place depuis. En particulier aux vues des difficultés d’établir des prévisions fiables à moyen et long terme.
Partager des données sur un horizon plus court peut néanmoins déjà permettre aux partenaires d’anticiper pour mieux organiser leurs propres opérations. Par exemple :
Un certain nombre de données partagées dans le cadre de la visibilité ont une forte sensibilité. Je pense en particulier à celles valorisées en euros, avec lesquelles il est possible de reconstituer des marges ou des chiffres d’affaires.
Je trouve que les juristes se sont bien emparés du sujet. Il est désormais plus simple de déterminer ce qu’on a le droit de faire ou de ne pas faire, les cas dans lesquels la donnée peut être utilisée, etc.
Les entreprises commencent à rédiger des contrats beaucoup plus transparents. Chacun sait ce qu’il devra ou pourra faire. Tout le monde est ainsi rassuré. C’est selon moi le vrai levier pour favoriser le partage des données.  Ensuite, établir un partenariat n’empêche pas de contrôler ce que fait chaque partie.
Nous traitons les aspects collaboratifs avec les volets gestion partagée des approvisionnements et échange de prévisions depuis de nombreuses années.
Nous avons également développé la solution Supply Chain Visibility (SCV) qui informe les clients de l’entreprise des niveaux de stocks. Supply Chain Visibility est en particulier utilisée par des 3PL qui souhaitent que leurs donneurs d’ordre, c’est-à-dire les propriétaires des marchandises puissent gérer leurs réapprovisionnements, calculer les délais de livraison, etc.
SCV permet également de suivre l’exécution des commandes (achat et client), de leur entrée dans le système à leur livraison effective. C’est ce que nous appelons l’Order Tracking.

Nous récupérons et agrégeons les informations provenant :
Bio Express

Isabelle BADOC est titulaire d’un Mastère Spécialisé « Intelligence Marketing » obtenu à HEC en 1997 et diplômée depuis 2015 d’un MBA Global & Domestic Transport Management de l’E.S.T. Elle démarre sa carrière en 1998 chez Influe en tant qu’ingénieure commerciale sur la solution de Gestion Partagée des Approvisionnements puis est en charge du développement du marketing produit. En tant que Product Marketing Manager, sa mission consiste à définir la stratégie marketing produit de la plateforme collaborative Generix Supply Chain Hub, de l’animer et de la valoriser auprès des marchés cibles. Elle participe également activement en France aux rencontres de l’Agora Club ou de France Supply Chain.

Site Internet de Generix : https://www.generixgroup.com/fr
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‘‘ Transporteurs : comment utiliser la visibilité pour prévenir les pertes de produits ? ’’

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