Incarner un sentiment en un rictus. Faire passer une émotion au travers d’un regard. En dire plus par l’expression que par le texte. Capté par une caméra, ce que l’on appelle avoir un talent d’acteur se travaille. Comme le reste. C’est même ce qui a poussé 15 femmes et hommes, de tous âges, à suivre une formation « Face caméra ». Dispensé depuis cette fin de semaine dernière dans…
Incarner un sentiment en un rictus. Faire passer une émotion au travers d’un regard. En dire plus par l’expression que par le texte. Capté par une caméra, ce que l’on appelle avoir un talent d’acteur se travaille. Comme le reste. C’est même ce qui a poussé 15 femmes et hommes, de tous âges, à suivre une formation « Face caméra ». Dispensé depuis cette fin de semaine dernière dans les locaux de Pulséo, à Dax, cet atelier mené par Camille Panonacle et Jonathan Michel, de la compagnie Contrechamp, répond à une initiative du Bureau d’accueil des tournages des Landes.
« De plus en plus de producteurs préfèrent faire des ‘‘castings sauvages’’, près des lieux de tournage, plutôt que de faire venir des comédiens professionnels de Paris », assure Franck Delpech. Directeur de cette structure portée par le Conseil départemental des Landes, il pointe la « dizaine de tournages dans l’année » comme autant d’offres d’emplois possibles. « Sur la trentaine de candidatures, on a retenu des profils avec l’espoir qu’ils puissent augmenter leurs compétences et franchir une étape », appuie Karine Dumas, responsable cinéma au Département.
Pour la plupart comédiens amateurs, ou rompus à d’autres disciplines artistiques, quelques-uns des stagiaires ont même déjà connu une première expérience filmée. Publicité pour l’une, série ou long-métrage pour d’autres. « J’avais participé au tournage de “Brice de Nice”, mais on ne me voit pas à l’image. Puis l’an dernier à celui de “La Promesse”. Cela me donne envie de continuer dans un monde du cinéma qui m’a toujours fasciné », dévoile par exemple Guillo. Auteur et interprète, cet intermittent du spectacle confie aussi avoir intégré cette formation pour « se préparer à une nouvelle époque artistique et y trouver une source de revenus. »
« Le but de la formation, c’est que ces personnes parviennent à décrocher de petits rôles, où il s’agit de dire un court texte », relève Camille Panonacle. Comédienne professionnelle vue notamment dans la série télévisée « Les Saisons meurtrières », elle s’est muée en directrice de casting ce dimanche 14 mars.
Au deuxième matin d’un atelier qui reprendra chaque fin de semaine, jusqu’au 25 avril, les apprentis acteurs se sont en effet confrontés à l’épreuve de l’audition filmée.
Conteuse et comédienne de rue venue « chercher des outils » dans cette formation, Isabelle Loubère a franchi l’obstacle. « Il faut arriver à se voir en grand, accepter son image, s’entendre jouer. Face à une caméra, ce n’est pas du tout le même jeu que pour un spectacle. C’est plus subtil, plus en intériorité. »
« D’arriver à être vous, c’est énorme », encourage Jonathan Michel lors de la causerie d’après casting. Parmi les questions et commentaires des apprentis stagiaires, la question du stress et du trac est prégnante. « On a l’impression d’être à un examen, un entretien d’embauche. C’est paradoxal par rapport au plaisir que l’on doit avoir à jouer », analyse Guillo.
Comme les autres stagiaires, sa matinée dominicale a commencé par l’attente dans un couloir, inhérente à tout casting. Face à un smartphone et les regards de Camille et Jonathan, il a ensuite pu interpréter un court texte, remis par ses formateurs la veille au soir. Le texte d’« un mec qui répond à quelqu’un qui veut le prendre en photo » promis aux hommes. Les femmes de l’atelier ont, quant à elles, « causé de deux filles qui attendent un bus », selon Guillo et Isabelle Loubère.
De nouveaux exercices scéniques vont suivre. « On terminera par un nouveau casting. Il leur permettra de voir leur évolution face à une caméra », souffle Camille Panonacle. Un art distinct de celui de l’actrice de théâtre qu’elle est également. « L’image créée une certaine réalité. Il y a certaines règles, des codes graphiques et rythmiques à connaître. » Acteur : un vrai métier.
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