Baromètre Kyu Associés : le manque capacitaire, haute source d … – Voxlog

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« Dans un environnement toujours plus incertain, c’est le modèle même de la globalisation des supply chains mondialisées qui est remis en cause ». En guise d’introduction à son Baromètre des risques supply chain, le cabinet de conseil Kyu Associés évoque les multiples crises ayant égrainé cette année 2022 et leurs répercussions sur les chaînes d’approvisionnements mondiales. « Nous sommes passés en l’espace de quelques années d’un monde qui était relativement certain et dans lequel les supply chains telles qu’on les connaît avaient été bâties à un monde qui est beaucoup plus turbulent avec une succession de crises qui ne sont pas que des épiphénomènes, introduit Laurent Giordani, associé fondateur de Kyu Associés. Par la répétitivité de ces crises et par l’imprévisibilité de la demande, on se retrouve donc avec des supply chains qui ne sont pas adaptées au monde dans lequel elles évoluent. La plupart des modèles étaient conçus selon une historisation des consommations permettant d’organiser sa chaîne à tous les niveaux et force est de constater que, depuis trois ans, si quelque chose est bien imprévisible, c’est la demande des consommateurs en besoins et en services… ».
 
Pour sa quatrième édition, le document proposé, réalisé en collaboration avec les Arts et MétiersFrance Supply Chain et l’Amrae (association du management des risques et des assurances de l’entreprise), détaille le top 10 des risques pour 2023 évoqués par ses répondants (responsables de la supply chain, des achats et des risques) et les démarches mises en place pour y faire face. Cette année, une centaine d’entreprises ont répondu au questionnaire dans 12 secteurs d’activité répartis en quatre grands pôles : aéronautique & automobile (30 %), luxe & distribution (27 %), autres industries (23 %), réseaux & services (20 %). La principale menace évoquée s’avère celle du manque de capacité : « Les fournisseurs sont sous-capacitaires et ne disposent pas des capacités industrielles pour répondre à la demande », expose Thibaud Moulin, associé au sein du cabinet de conseil. Ce manque touche tout autant les matières premières (notamment pour les semi-conducteurs « sur quasi tous les secteurs de l’industrie et qui va perdurer encore quelques temps ») que la main-d’œuvre avec la forte difficulté de recrutement que connaissent les entreprises. Face à ce risque, « aujourd’hui, le premier sujet est de clairement identifier les compétences, les métiers en tension dans les différents secteurs. Ensuite, on peut faire en sorte que des passerelles existent entre différents métiers et que des certifications se mettent en œuvre afin que des demandeurs d’emplois puissent être formés pour répondre à ces tensions », commente-t-il. Un vrai levier à activer mais difficilement à court terme. « On entend aussi des discours sur la possibilité d'avoir un peu plus d’immigration en France, mais également dans d’autres pays en Europe où il y a une très forte pénurie de main-d’oeuvre. Il existe donc divers débats qui sont politiques et sociétaux et diverses solutions à plus ou moins long terme pour répondre à cette pénurie mais ce sera une réponse partielle car nous sommes face à une problématique de pyramide des âges ainsi qu’à une problématique sociétale de rapport au travail : en France on a des emplois qui sont non pourvus car considérés comme pas suffisamment attractifs ».
 
Deuxième grand risque qui inquiète les répondants : la hausse des coûts de matières premières, de l’énergie et des salaires qui alimente l’inflation. « L’industrie est touchée de plein fouet par cette augmentation et les acteurs de la supply chain n’ont pas forcément la capacité de faire absorber ces surcoûts auprès de leurs clients », détaille Thibaud Moulin évoquant un « risque potentiel de défaillance des entreprises en 2023, tout à fait inquiétant ». Le troisième sur le podium concerne les attaques cyber, une problématique associée au fait que dans les rangs les plus éloignés de la supply chain se trouvent de petites entreprises, maillons essentiels de la chaîne, qui n’ont pas les capacités d’investissements et les infrastructures leur permettant de se protéger. « La fréquence de ces attaques fait craindre aujourd’hui sur la supply chain de nombreux arrêts et perturbations ». Autre phénomène inquiétant dans ce cadre, les attaques sur la supply chain informatique des grands donneurs d’ordres qui dépendent de plus en plus de fournisseurs de SI souvent dans le cloud. Quatrième grand risque qui a fait son apparition cette année avec le conflit russo-ukrainien, la crise géopolitique. Les tensions venues s’exacerber dans ce domaine viennent renforcer l’instabilité de zones d’approvisionnement critiques, détaille Kyu Associé qui observe une « inquiétude importante » à l’heure actuelle sur les impacts potentiels d’une crise entre la Chine et les Etats-Unis au sujet de Taüwan et qui seraient « beaucoup plus importants que le conflit russo-ukrainien pour l’économie mondial ». Des situations qui amènent les entreprises à se poser davantage de questions sur leurs sources d’approvisionnement mondiales et à réfléchir sur la notion de fridendshoring (pays ami) pour gérer ces risques.
 
La logistique se positionne comme le cinquième risque évoqué par les répondants avec des goulets formés lors des confinements et là encore, le manque de main-d’œuvre pour répondre aux besoins dans ce secteur, notamment dans le transport routier. « En Europe, on manque de 400 000 chauffeurs, dans le monde, l’estimation de l’IRU (Union internationale des transports routiers) [dans son rapport 2022] établissait à 2,6 millions la pénurie au niveau mondial avec 1,8 million en Chine », détaille Thibaud Moulin. La volatilité de la demande est le sixième risque évoqué. Face à leur difficulté à disposer de prévisions fiables, les entreprises se retrouvent dans l’incapacité de répondre à la demande ou au contraire à générer d’importants surstocks, ce qui s’est passé fin 2022. Les différentes crises ont d’autre part laissé des traces et les sociétés font face à une « rareté des sources », septième risque encouru. Face à cette rareté, elles éprouvent des difficultés à mettre en œuvre des stratégies de résilience (comme le nearshoring ou encore le friendshoring) car il s’avère complexe de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement dans un marché très contraint avec des ressources relativement rares. La crise climatique prend la huitième place du classement, l’année 2022 ayant été particulièrement pourvoyeuses d’événements dramatiques causés par le réchauffement de la planète,« la criticité de ces catastrophes touchant de nombreuses entreprises ». La pandémie quant à elle descend en neuvième position (après avoir été sixième en 2021 et première en 2020) : si sa réapparition en Chine inquiète certains répondants avec la crainte que le Nouvel An  chinois ait des conséquences sanitaires dans le monde entier, ce risque est bien moins prégnant que dans les éditions précédentes « car les entreprises ont appris à vivre avec le covid ». Le dernier risque évoqué touche à la « controverse RSE » avec des attentes et des réglementations en la matière qui se renforcent, notamment sur la supply chain. « Des conditions de travail dégradées, des pollutions environnementales… rejaillissent directement sur l’image d’une entreprise et ont des conséquences importantes sur sa valorisation. Néanmoins, cela reste un risque relativement faible mais qui pourrait évaluer avec les années à venir avec les premiers procès en cours avec la loi sur le devoir de vigilance ».
 
Pour répondre à ces différents risques, des solutions sont déployées par les entreprises pour améliorer leur résilience. La première est d’avoir une meilleure visibilité sur leur supply chain : « Toutes travaillent donc à cartographier plus précisément leurs fournisseurs », au-delà du rang 1, en remontant la filière d’approvisionnement. On observe également une veille de plus en plus structurée de la part des services informatiques pour connaître en permanence tous les évènements pouvant toucher l’écosystème. Deuxième grand axe sur lequel les entreprises travaillent : améliorer leur agilité en développant notamment du multisourcing, avec des zones d'approvisionnement souvent plus proches des marchés servis pour baisser la dépendance à l’Asie et à la Chine en particulier. Troisième levier d’adaptabilité : la capacité à travailler sur des modèles de prévision et un processus de planification pour absorber cette incertitude et s’adapter plus rapidement (aidés en cela par l’IA). La conformité est le quatrième levier, sujet de plus en plus prégnant, avec les engagements en termes de développement durable des entreprises « qui se doivent d’avoir une supply chain irréprochable en matière de conformité réglementaire, principalement sur des sujets humains, environnementaux mais aussi de qualité et de traçabilité de leurs approvisionnements ». Dernier enjeu : améliorer la durabilité sur la supply chain, en faisant un processus vertueux participant à la résilience des entreprises. Un levier actuel qu’elles déploient de manière systématique sur toute leur supply chain.
 
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