Bridgestone : l'ancienne usine de pneus de Béthune se tourne vers l … – La Tribune.fr

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A Béthune, l’usine de pneus Bridgestone, c’était une ville dans la ville. Sa fermeture brutale, annoncée le 16 septembre 2020, a laissé 864 salariés sur le carreau (c’était l’un des plus gros employeurs du territoire). Mais également 32 hectares en friche… dont la moitié de bâtis. Ce qui représente près de 5% de la surface de la ville de Béthune !
« Cette typologie de site est, de surcroit, la moins facile à réutiliser car il fallait la transformer en une sorte de colocation géante, avec toute la difficulté de partager les réseaux alimentant le site », souligne le maire de Béthune, Olivier Gacquerre, à la tête de la Communauté d’agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane.
Suite à cette mutation, le fabricant japonais de pneus a financé un fonds de revitalisation pour le territoire, en contribuant volontairement à donner « trois fois plus que l’obligation légale », soit 16 millions d’euros, « pour l’attractivité des industries et le développement des entreprises locales », souligne un communiqué de la filiale européenne de Bridgestone Corporation. Avant la fermeture, Olivier Gaquerre bataillait justement pour obtenir le remboursement d’1,25 million d’euros versé au groupe japonais en 2007, qui n’avait jamais créé les 50 emplois promis en échange.
Parmi les différents candidats à la reprise du site, c’est finalement la filiale SIG du logisticien nordiste Log’s, qui a racheté le site pour un prix « symbolique » (mais non dévoilé). SIG a développé depuis quelques années une vraie spécialité dans la reconversion de friches en Hauts-de-France, comme par exemple Norzinco à Anzin, la Martinoire à Wattrelos ou encore l’ancienne friche Usinor à Denain.
Le premier édile de Béthune se réjouit en tout cas de voir déjà se dessiner un « pôle industriel multi-technologies », autour du recyclage, de la réparation et du réemploi. « Il a fallu travailler dur et enchaîner des heures de réunion avec toutes les parties prenantes », résume le maire. « Nous avions d’un côté du foncier et des bâtiments et de l’autre, la volonté d’accueillir des activités d’économie circulaire, sans oublier l’atout du gaz de mine (NDLR : la ville a mis en place avec Dalkia un réseau de chauffage urbain alimenté en partie par le grisou des anciennes galeries minières) ».
Toutes les parties prenantes se sont donc mobilisées pour la recherche d’activités à implanter. « Que ce soit Bridgestone, le conseil régional, la préfecture et bien sûr la compétence économique de la communauté d’agglomération, nous nous sommes mis tout de suite en action, en s’appuyant sur deux outils importants que sont Business France et Nord France Invest. Nous avons notamment fait le tour des entreprises industrielles du territoire : sur 160 entreprises sondées, une sur deux avait des projets ».
Une activité vient d’ailleurs de démarrer, occupant 25% de la surface de l’ex-site Bridgestone. Ironie de l’histoire, il s’agit d’une activité de reconditionnement de pneus. Sous la houlette de Black Star, entreprise spécialisée dans le reconditionnement de pneus et siégeant dans le département de la Loire (42) et du géant Mobivia (famille Derville, branche cousine des Mulliez) à la tête des centres automobiles Norauto, Midas, Auto 5 et ATU, de la distribution de pièces et pneus via Carter-Cash, Bythjul & Skruvat (et en BtoB avec Synchro Diffusion). En 2020-21, Mobivia comptait 1.940 ateliers et centres automobiles développés en succursales, franchises et master-franchises dans 18 pays en Europe principalement.
« Avec l’association de Black Star et de Mobivia, nous souhaitons devenir l’acteur de référence du pneu reconditionné. Notre projet pourra s’appuyer notamment sur le gisement de pneus usagés des enseignes Mobivia afin de les trier et de les rechaper à Béthune », détaille Jean-Baptiste Pieret, qui a racheté en 2019 Black Star.
Chaque pneumatique reconditionné permet d’économiser 80% de matière – soit 9 kilos de gomme et d’acier. Concrètement, environ 25 à 30 % des pneus récupérés pourront être réparés et commercialisés à nouveau. « Une part significative des pneus collectés ne seront pas reconditionnables. Il est de notre responsabilité de réfléchir collectivement à des solutions connexes de réemploi », poursuit le dirigeant. A terme, cette activité, soutenue par Bridgestone, devrait créer de 150 à 180 emplois à horizon 2025, avec 100.000 pneus en 2022, 700.000 en 2025 et un objectif à terme d’un million de pièces par an.
« Mobivia et Black Star avons fait le pari de conserver le métier et l’emploi sur ce site industriel symbolique. Pour ce faire, il était obligatoire de repenser le pneumatique en l’alignant sur les enjeux environnementaux contemporains et proposer le premier écosystème parfaitement intégré autour de la seconde vie du pneu. C’est une aventure collective, dont le ciment réside notamment dans le savoir-faire métier d’hommes et de femmes, l’enthousiasme collectif et également le soutien financier de l’Etat, de la Région et de l’agglomération Béthune-Bruay (pour un total de 2,3 millions) », explique Jean-Baptiste Pieret.
Black Star « bénéficie désormais d’un outil industriel hérité du manufacturier premium Bridgestone. La production Black Star s’appuiera notamment sur des lignes de presses automatisées, ainsi qu’une zone d’inspection finale aux machines de générations nouvelles permettant constance et finesse de production. ». Black Star a sollicité d’abord les ex-salariés de Bridgestone dans les recrutements.
Pour le reste de la réindustrialisation du site de Bridgestone, le bilan des candidatures a sélectionné cinq autres dossiers, aujourd’hui « bien avancés » parmi 28 pistes sérieuses au départ pour un total près de 45 marques d’intérêt. Impossible d’en savoir plus sur les activités à venir mais le maire annonce que « l’ancien site de Bridgestone est pratiquement commercialisé même si tout n’est pas encore signé, y compris sur le plan administratif », avec la possible création de 500 emplois dans ce périmètre laissé à l’abandon. Via la convention de revitalisation de Bridgestone, ailleurs dans le Béthunois, il y aurait potentiellement 549 autre emplois créés dans 24 entreprises. « Sachant que nous recevons encore des demandes ».
Par contre, un projet d’implantation d’industrie agroalimentaire a été officiellement écarté, car trop gourmande en eau potable. « Notre futur sujet sur le territoire sera la ressource en eau potable, en qualité et en quantité car si l’on se projette en 2040, la nappe phréatique aura diminué de 20% », ajoute le maire. « En Californie, on sait sortir de l’eau de qualité boisson en sortie de station d’épuration. Nous sommes d’ailleurs en train de réfléchir à des cycles fermés ou semi-fermés ».
Le Béthunois a ainsi pris la balle au bond pour se muer en corridor industriel dans l’économie circulaire mais également devenir une « vallée de l’électrique » à la française. « Nous avons développé un écosystème d’innovation, labellisé Rev3 avec un fonds d’amorçage pour financer la pré-industrialisation, visant à créer un corridor d’affaires », détaille le maire de Béthune, qui compte tirer profit également de la gigafactory de batteries d’ACC sur Douvrin près de Lens et des développements engagés par Renault avec le Pôle Electricity, dont l’un des sites est à Ruitz, près de Béthune.
Le mot d’ordre est la R&D&I (recherche, innovation et développement) dans la mobilité électrique. Avec le soutien du pôle de compétitivité MEDEE, une plate-forme baptisée C3E (centre excellence en efficacité en énergie) rassemblant quatre laboratoires de recherche locaux et un au Québec, qui travaillera sur l’environnement et l’efficacité énergétique.
La vallée de l’électrique va également impliquer de structurer tout un écosystème et de créer une école d’ingénieurs dans la transition électrique. « Au final, nous avons une solution pour les 864 salariés licenciés, malgré les questions de formations, d’éloignement et de conséquences psychologiques », conclut le maire, qui a ainsi su « amorcer la pompe ».
Corning, leader mondial dans le domaine des matériaux (verre, plastique, céramique…), a annoncé la construction d’un site à Ruitz dans les Hauts-de-France. Safilin a réimplanté une filature de lin à Béthune.  Avosdim, spécialisé dans la vente en ligne de stores et d’équipements de fenêtre sur mesure, construit un nouveau site de production. Espérons que la liste ne s’arrête pas là.
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